Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog d'un professeur de lettres
Le blog d'un professeur de lettres
Publicité
Archives
26 novembre 2007

Rencontre nocturne suite

4ème 1 – Année scolaire 2007-2008

Séquence 1 : Comprendre le fonctionnement du schéma narratif pour pouvoir rédiger la suite d’un texte

RAY BRADBURY

CHRONIQUES MARTIENNES

RENCONTRE NOCTURNE

II

C’était une machine pareille à un insecte vert jade, à une mante religieuse, qui filait en douceur dans l’air froid, indistincte, constellée de diamants verts clignotants et de rubis qui scintillaient comme autant d’yeux à facettes. Ses dix pattes se posèrent sur la vieille route avec un bruit d’ondée qui se calme progressivement, et de l’arrière de la machine un Martien aux yeux d’or fondu regarda Tomas comme s’il se penchait au-dessus d’un puits.

Tomas leva la main et pensa automatiquement : « Salut ! » mais  sans remuer les lèvres, car c’était un Martien. Mais Tomas s’était baigné dans des rivières bleues sur la Terre, le long des routes où passaient des étrangers, s’était restauré dans des maisons inconnues en compagnie d’inconnus, et sa seule arme avait toujours été son sourire. Il ne portait pas de pistolet. Et n’en éprouvait pas le besoin en cet instant, même avec la légère angoisse qui lui pinçait le cœur.

Le Martien avait lui aussi les mains vides. Ils se dévisagèrent un certain temps dans l’air frisquet.

Ce fut Tomas qui fit le premier mouvement.

« Salut ! lança-t-il.

-         Salut ! » lança le Martien dans sa propre langue.

Ils ne se comprirent point.

« Vous avez dit salut ? demandèrent-ils en même temps.

-         Qu’est-ce que vous avez dit ? » firent-ils, chacun dans une langue différente.

Ils se renfrognèrent.

« Qui êtes-vous ? interrogea Tomas dans sa langue.

-         Qu’est-ce que vous faites ici ? » En martien ; les lèvres de l’étranger bougeaient.

« Où allez-vous ? » demandèrent-ils ensemble. Et ils parurent tous désorientés.

« Je m’appelle Tomas Gomez.

-         Je m’appelle Muhe Ca. »

Ni l’un ni l’autre ne comprit, mais ils avaient accompagné leurs paroles d’une petite tape sur leur poitrine et tout devint clair.

Alors le Martien éclata de rire. « Attendez ! » Tomas eut l’impression qu’on lui touchait la tête, mais nulle main ne l’avait touché. « Là ! dit le Martien dans la langue de Tomas. C’est mieux comme ça !

-         Avec quelle vitesse vous avez appris ma langue !

-         Un jeu d’enfant ! »

Gêné par un nouveau silence, ils regardèrent le café qui n’avait pas quitté la main de Tomas.

« Nouveau ? » dit le Martien en lorgnant Tomas et le café – et en se référant peut-être aux deux.

« Puis-je vous offrir quelque chose à boire ? proposa Tomas.

-         Volontiers. »

            Le Martien glissa à bas de sa machine.

            Une deuxième tasse fut produite et remplie de café fumant. Tomas la tendit.

            Leurs mains se rencontrèrent et – comme de la brume – se traversèrent.

            « Bon sang ! » s’écria Tomas. Et il lâcha la tasse.

            « Par tous les dieux ! » s’exclama le Martien dans sa propre langue.

-         Vous avez vu ça ? » murmurèrent-ils ensemble.

Ils étaient soudain glacés de terreur.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité